Serge Granjon : Cent ans en pays stéphanois et forézien – 1980

1980-Manu…fracture

Rotust comme la marque d’un fusil de la vieille manufacture, le rituel tarif-album tirait à un million d’exemplaires. Devenu le bréviaire de la vente par correspondance, il était le porte-drapeau d’une activité commerciale intense, au point de reléguer la production au second plan. Le négoce l’emportait sur l’industrie. Le tournant était pris, et tant que de puissants secteurs s’imposeraient comme figure de proue, le pire n’était pas pour demain…

Le chasseur français sortait à 800000 exemplaires, et l’arme de chasse atteignait les 70000 unités au début des années 1970.

Trompeuse apparence de structures vieillissantes, trop souvent routinières, mises à mal par la fin du débouché colonial et la récente âpreté de la concurrence. La dégradation s’accéléra au point qu’en 1975, les stocks augmentèrent de plus de 50 % en un an. En janvier 1977, furent évoqués des licenciementCYCLES-DE-SAINT-ETIENNE-Crosses-de-Fusils-ST-ETIENNE-42000-.jpgs. Un mois après était admise l’insuffisance des départs anticipés à la retraite. La situation ne cessa d’empirer dans les deux années qui suivirent, jusqu’au règlement judiciaire. Pour éviter la liquidation des biens, se créa la Société Nouvelle Manufacture, qui se trouva à son tour en cessation de paiement. le 22 octobre 1980, le Tribunal de Commerce de Saint-Etienne prononçait la liquidation de biens. Aucun des commanditaires espérés, helvétique, libanais ou bien néerlandais ne se manifesta. Restait seule en lice la  » solution Tapie « , battue en brèche par les syndicats et la municipalité…jusqu’au 31 décembre, où des salariés tentèrent de reprendre, après la fracture, l’entreprise en main. Le géant, même à terre, n’avait pas dit son dernier mot.